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Eux devant, les autres derrière

Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer) et Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) ont pris la poudre d’escampette dans la deuxième édition de la New York Vendée – Les Sables d’Olonne. Ces deux-là ont réussi à passer à l’avant du front dépressionnaire hier alors que le reste de la flotte n’y est pas parvenu. Ainsi, alors qu’ils cavalent au reaching entre 15 et 20 nœuds de moyenne, leurs concurrents, qui évoluent plein vent arrière, avec un vent qui tend à se stabiliser mais qui reste très irrégulier, continuent de chercher le meilleur chemin pour rallier l’arrivée. Plusieurs choix se présentent à eux. Reste à trancher et en l’état, compte tenu de la situation très inhabituelle en Atlantique Nord, rien n’est moins simple. Résultat, les écarts vont continuer de se creuser entre eux et les deux échappés.

Boris Herrmann
Boris Herrmann
© Boris Herrmann

« Boris et Charlie ont réussi à traverser le front et ils sont partis bien loin. De notre côté, on est juste derrière mais on ne le rattrapera jamais. On est donc dans l’attente d’en savoir un peu plus sur notre sort et sur la manière dont va se passer la suite pour nous », a exposé Benjamin Dutreux (GUYOT environnement – Water Family), ce lundi à la mi-journée, lors de la vacation officielle. De fait, ça reste flou. En cause ? Une situation pour le moins inhabituelle en cette saison sur l’Atlantique Nord, avec des dépressions qui restent coincées dans la partie ouest de l’océan et qui ne circulent donc pas du tout. « Un anticyclone est positionné proche du Groënland et un autres se trouve à proximité des Canaries. Généralement, il n’y en a qu’un seul au milieu », a précisé Christian Dumard, le consultant météo de l’épreuve. A la clé, une pagaille monstre qui dure depuis plusieurs jours déjà, et un vrai casse-tête pour les marins qui sont obligés de faire des compromis. De s’adapter en permanence avec des fichiers qui passent leur temps à se contredire puis des options qui s’ouvrent puis se renferment d’un jour sur l’autre. « C’est un peu compliqué et il faut régulièrement ajuster le tir », a ajouté Benjamin  qui, après avoir un temps investi dans le sud, a finalement remis du nord dans sa route hier après-midi et cette nuit. 

Ne pas hésiter à ré-amurer ses plans 

« J’étais parti pour plonger puis ça s’est réouvert vers le nord. Les conditions étant assez « foireuses », j’ai décidé de me tirer une balle dans le pied et de me rapprocher du groupe. Je suis aujourd’hui calé derrière, mais cela me laisse des opportunités de revenir par petites doses. C’était, à mon sens, un peu trop risqué de partir un peu tout seul dans un coin sans trop savoir ce qui allait se passer », a détaillé le Sablais qui caracole actuellement une petite dizaine de milles derrière le paquet emmené par Sam Goodchild (VULNERABLE) et Jérémie Beyou (Charal). Un paquet de dix bateaux qui cumule aujourd’hui plus de 300 milles de retard sur les deux leaders. Et pour cause, pendant que Boris Herrmann et Charlie Dalin filent bon train, propulsés par un flux de secteur sud-est soufflant entre 15 et 20 nœuds, le gros de la meute progresse au vent arrière porté par un vent d’ouest moins soutenu, mais aussi et surtout assez irrégulier, même s’il est nettement moins instable qu’il y a encore quelques heures. « Jusqu’à hier soir, on avait encore plein de grains. Il fallait rester vigilant et être en permanence sur les réglages dans le cockpit. Depuis ce matin, c’est un peu plus stable. Cela permet de se reposer enfin un peu après ce début de course particulièrement compliqué. Cela permet aussi se pencher sur la suite, qui reste pour le moment encore très incertaine », a relaté Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One) qui vient, lui aussi, de se recaler dans la roue du peloton. « Dans cette période délicate, on s’observe évidemment beaucoup les uns et les autres. Pour ma part, je reste attentif à ce que font ou vont faire les autres, mais je vais avant tout chercher à faire ce qu’il y a de mieux pour moi et pour mon bateau », a souligné le Japonais. 

Trois options pour finir ?

Au total, trois grandes options se dessinent. La première, au nord, ne devrait être empruntée que par Boris Herrmann. Elle remonte au-dessus de la latitude du nord de l’Ecosse (!) et comporte somme toute quelques risques, notamment celui que la route se referme lors de la redescente, avec l’anticyclone qui pourrait venir se caler sur l’Irlande en fin de semaine. La deuxième se situe au milieu et c’est celle suivie par Charlie Dalin. La troisième passe, elle, par le sud des Açores. Si elle promet de se jouer avec assez peu de vent et beaucoup de près, elle semble néanmoins la plus probable pour le gros de la flotte. « Ça bouge encore beaucoup. Ça a donc encore le temps de changer de nombreuses fois ! », assure Christian Dumard qui en perdrait presque son latin tant la situation générale est brouillonne. Tant et si bien qu’il se montre très prudent à l’évocation des ETA (estimations d’heures d’arrivées). « A date, on peut envisager de voir les premiers se présenter sur la ligne le 8 au soir ou plus probablement le 9 au matin. Pour ce qui concerne les suivants, ce devrait être plutôt le 10 voire le 11 juin ». Pour tous, la route est donc encore longue et les coups à jouer nombreux. Ce scénario n’est évidemment pas pour déplaire à certains, à commencer par Manuel Cousin (Coup de Pouce). Ce dernier est parvenu à solutionner son pilote automatique, foudroyé dans un orage. Il compte bien, désormais, recoller au score. « Je vais tout faire pour rattraper les petits copains. Rien n’est perdu car ils ne sont finalement pas si loin que ça malgré les 24 heures que j’ai perdu en m’arrêtant pour réparer. J’ai réussi à faire un avec deux. Ça m’a demandé pas mal de boulot mais ça fonctionne et j’ai repris ma course. L’essentiel est là ! », a raconté le navigateur qui sait que la situation ouvre la possibilité de lancer des attaques. « Il est très possible que ceux de derrière choisissent de se démarquer. Cela va assurément recréer du match ! », a terminé Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence).


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