Une arrivée en deux temps. Le premier, c’était le franchissement de ligne au soleil couchant, des teintes orangées sur l’eau et la remontée du chenal. La seconde, ce sont les mots pour tout comprendre et pour saisir l’intensité de la bataille chez les poursuivants. Jérémie Beyou est devenu « le meilleur des autres » et il a dû s’employer comme jamais pour y parvenir. Le scénario global de la course - le cavalier seul de Charlie Dalin, l’option Nord de Boris Herrmann – a fait oublier le ‘match dans le match’ entre Jérémie, Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), Thomas Ruyant (VULNERABLE) et Sam Goodchild (VULNERABLE, avant son démâtage). Interview d’un homme soulagé et éreinté par les dernières heures de course.
Jérémie Beyou : « j’avais besoin de ce podium »
Le skipper Charal a donc pris la 3e place en début de soirée à la New York Vendée - Les Sables d’Olonne. Un podium qui fait du bien et qui rassure, surtout, après son abandon à The Transat CIC et avant le Vendée Globe à venir.
New York Vendée :
Comment résumes-tu ce match si intense ?
Jérémie Beyou
Depuis le départ, on butait sur chaque phénomène météo qu’on a rencontré ou vers lesquels on allait. Donc dès que tu prenais un peu d’avance, ça revenait toujours derrière. Ce n’est pas facile à gérer : tu donnes tout, tu penses avoir un avantage et ce n’est jamais le cas. Psychologiquement, ce sont des courses dures. Dès le début, on a vite compris que deux skippers étaient partis et que la victoire était cuite. Après, je me suis dit qu’il y avait une autre course à gagner, pour la 3e place, et j’allais tout faire pour rester et finir devant. J’ai vraiment mis tout ce que je pouvais pour y parvenir !
New York Vendée :
À l’issue de cette course, l’émotion est à la hauteur de cette intensité ?
Jérémie Beyou
Oui j’étais vraiment content quand j’ai vu les tours des Sables d’Olonne. J’ai bien ‘tapé’ dedans et ça faisait longtemps que ce n’est pas le cas. J’avais besoin de ce podium. Il y a eu deux courses : la première, on l’a perdue mais la deuxième je voulais vraiment la gagner. Pourtant, Thomas Ruyant, Sébastien Simon et Sam Goodchild n’ont pas démérité et ont très bien navigué. Celle-là, je ne voulais pas la laisser passer !
New York Vendée :
C’était idéal pour se préparer au Vendée Globe ?
Jérémie Beyou
Oui parce que nous nous sommes confrontés les uns aux autres et qu’on a vu un paquet de trucs. Nous avons fait toutes les allures : du près, du portant, du reaching, de la pétole, du vent fort… Le bateau est consistant, il est dur mais la vitesse a un prix. Et moi, je sais encore faire. J’avais besoin de ça. Après l’abandon sur la Transat CIC, j’avais besoin d’un signe. Et je suis allé le chercher mais ça a été dur.
New York Vendée :
Il y a beaucoup de travail à faire sur ton bateau ?
Jérémie Beyou
Il y a tout le temps plein de choses à améliorer, je crois que ça fait partie de mon caractère. C’était important que le bateau soit devant, qu’il soit à l’arrivée, qu’il soit sur le podium… Ça donne de la confiance et ça renforce la dynamique pour la suite. L’abandon à The Transat CIC permet une remise en question technique intéressante mais sportivement, ça ne te fait pas du bien. Mais peut-être qu’il fallait passer par là avant le prochain Vendée Globe…