« A présent, c’est tout droit pour Charlie Dalin. Il est rapide et va le rester jusqu’au bout avec un vent qui va adonner petit à petit », a expliqué Christian Dumard, le consultant météo de l’épreuve. De fait, après avoir tiré des bords en escalier pendant 24 heures pour se caler sur la layline, c’est-à-dire la ligne qui symbolise le meilleur cap pour le mener jusqu’à la ligne d’arrivée, le skipper de MACIF Santé Prévoyance progresse à plus de 20 nœuds de moyenne en direction des Sables d’Olonne qu’il devait donc atteindre entre 23 heures et 2 heures la nuit prochaine. S’il reste difficile d’être plus précis, ce que l’on sait en revanche, c’est que le Havrais à prévu de patienter en baie des Sables d’Olonne afin d’embouquer le célèbre chenal à 9 heures demain matin. Ce que l’on sait également, c’est que son avance sera colossale, même si elle s’est légèrement réduite depuis hier sur Boris Herrmann, le skipper de Malizia – Seaexplorer étant pour sa part dorénavant attendu entre 12 heures et 16 heures, ce dimanche. « Il pourrait rallier la Vendée sur un seul et même bord car sur sa route le vent est prévu de refuser progressivement », justifie Christian Dumard dont les routages n’ont pas forcément beaucoup évolué depuis hier pour le reste des troupes.
Chercher à simplifier les choses au maximum
Pour le groupe des sudistes, pas grand-chose de nouveau en effet. Les uns et les autres ont clairement pris le parti d’éviter de multiplier les manœuvres et les changements de voiles mais aussi de contourner largement le cap Finisterre où les conditions sont actuellement très toniques, voire casse-bateau. « Le plan est assez clair. On cherche à faire le bord le plus rapide possible pour rentrer. Le vent oscille beaucoup et les virements de bords sont quand même compliqués avec nos bateaux. Ceux-ci (conçus pour le Vendée Globe et donc optimisés pour le VMG (*) portant, ndlr) ne sont quand même pas très bons au près. Ça fait des angles pas jolis et on a toujours un peu l’impression d’aller dans la mauvaise direction. Ce n’est pas très agréable mais toujours est-il qu’on avance et qu’on ne fait que se rapprocher du but », a commenté Yoann Richomme lors de la vacation officielle, légèrement désabusé, une chose assez inhabituelle chez lui. « Lorsqu’on a passé le centre de la dépression, Jérémie (Beyou), Thomas (Ruyant) et Sébastien (Simon) ont réussi à faire beaucoup plus d’Est que nous. On n’a jamais réussi à choper ce qu’ils ont pris. Depuis, on subit un peu derrière. Ils n’arrêtent pas de nous coller des milles », a déploré le récent vainqueur de The Transat CIC, aujourd’hui décalé 130 milles plus à l’ouest que les skippers de Charal, VULNERABLE et Groupe Dubreuil, mais toujours suivi de près par Justine Mettraux (TeamWork – Groupe SNEF), Sam Davies (Initiatives-Cœur), Pip Hare (Medallia) et Louis Burton (Bureau Vallée), revenu du Diable Vauvert. Leurs ETA ? Entre lundi soir et mardi matin après une fin de course plutôt simple. Sur le papier à tout le moins.
Il y a-t-il encore de la logique ?
Quid des concurrents au milieu ? Pour eux, la situation est bien différente car toujours très incertaine. En cause : l’anticyclone qui s’affaisse sur leur route et une petite dorsale qui se crée dans le prolongement de celui-ci, au sud, générant une multitude de petites zones sans vent et rendant les vitesses des bateaux un peu erratiques. « Avec Nico (Lunven), Maxime (Sorel) et Romain (Attanasio), on est positionnés plus au sud que les autres gars du groupe. Je pense qu’on est dans une zone où on devrait avoir un peu plus de vent qu’eux ces prochaines heures », a relaté Yannick Bestaven (Maître CoQ V). De fait, lui et ses acolytes devraient réussir à conserver un minimum de pression quand les autres se préparent à butter dans la molle, notamment demain, pendant une grosse quinzaine d‘heures. « En toute logique, on devrait être plus à l’aise qu’eux mais comme il n’y a pas de logique depuis le début de la course, je reste méfiant ! Dans ces systèmes de hautes pressions, les fichiers ne sont jamais bien calés. Il peut tout se passer. Plus rien ne me surprendrait », a ajouté le Rochelais qui tire actuellement des bords pour gagner autant que possible dans l’Est et lutte pour rester au contact de V&B – Monbana - Mayenne, Holcim – PRB et Fortinet – Best Western, même s’il est privé de son étai de J2 et de deux lattes de grand-voile. « On a tous nos handicaps mais on a tous des coups à jouer », a terminé le navigateur dont l’arrivée pourrait avoir lieu mercredi. « A date, la bonne nouvelle c’est que tous les concurrents devraient boucler le parcours avant la fermeture de la ligne prévue le 14 juin à 23h59 », a terminé Christian Dumard.
(*) VMG : la meilleure vitesse de remontée au vent, avec le meilleur angle entre la route surface et le vent réel.