Louis Burton : « essayer d’être performant et prudent »
Troisième du dernier Vendée Globe, le skipper de Bureau Vallée revient sur ses trois semaines à New York et évoque cette nouvelle transatlantique. Il l’aborde avec prudence : « l’idée, c’est d’arriver en s’ajoutant le moins de boulot possible ».
New York Vendée :
Certains de tes partenaires avaient fait le déplacement lors de la Vendée Liberty, c’est une fierté ?
Louis Burton
Ce qui est dingue, c’est que nous avons un projet qui est soutenu depuis 15 ans par les mêmes partenaires. Nous sommes notamment accompagnés par l’entreprise Fellowes dont le président John Fellowes était à nos côtés. Il a fait le déplacement depuis Chicago pour vivre cette expérience. On ne s’était pas revu depuis 9 ans. Ça a été une occasion géniale de lui faire redécouvrir le bateau, le projet et de passer de bons moments.
New York Vendée :
Tu es resté à New York depuis l’arrivée de The Transat…
Louis Burton
Oui, étant donné qu’il y avait beaucoup de temps hors de la maison, on a cherché une solution pour scolariser les enfants à New York pendant un mois. On a trouvé une école (French American School of New York) et ça nous permet de vivre et ressentir pleinement cette ville. D’un côté, il y a la découverte touristique qui est très impactante. C’est génial de voir le regard des enfants par rapport aux buildings, aux musées… Ce qui restera pour nous, c’est le fait d’être entré dans la vie new-yorkaise, avoir notre petite maison, découvrir l’école, ce rythme, ce quotidien dans cette ville qui ne s’arrête jamais. C’est unique et ça a contribué à forger l’ouverture d’esprit des enfants.
New York Vendée :
Tu as été particulièrement bien en vue à The Transat (9e). Quelles sont tes ambitions pour la New York Vendée ?
Louis Burton
The Transat, c’était une course difficile pour nous parce qu’on avait beaucoup modifié le bateau en vue du Vendée Globe. On avait eu très peu de temps de navigation, le bateau avant navigué qu’une seule fois et on avait à peine touché l’eau. Du coup, j’ai eu pas mal de petits pépins et de mises au point à faire. Là, toute l’équipe est venue afin qu’on soit le mieux préparé possible pour la New York Vendée - Les Sables d’Olonne. Nous avons validé tout l’aspect performance qu’on a amélioré cet hiver et là on va chercher surtout de la fiabilité. L’idée, c’est d’arriver en s’ajoutant le moins de boulot possible. Parce qu’après, on démonte tout pour le Vendée Globe. On va essayer d’être performant mais s’il faut arbitrer entre lever le pied et prendre le risque de casser, on lèvera le pied !
New York Vendée :
C’est facile de trouver ce juste milieu ?
Louis Burton
Pas toujours (rires) ! Cette New York Vendée est géniale pour ça aussi : ça permet d’ajuster les curseurs. Si on veut performer au Vendée Globe, il faudra aller vite et ça dure longtemps !
New York Vendée :
Entre le dernier Vendée Globe et maintenant, tu as connu des temps difficiles avec deux démâtages. Comment as-tu vécu ça ?
Louis Burton
En quinze ans de projet, nous avons enchaîné deux années difficiles, ce qui ne nous était jamais arrivé. Forcément, cela entraîne de grosses remises en question. Pourtant, aucun partenaire et aucun membre de l’équipe ne nous a quitté. Au contraire, ça nous a beaucoup renforcé. Nous avions fait le choix de racheter ce bateau qui est très novateur et qui avait été mis à l’eau très tardivement avant le dernier Vendée. Je pense qu’aujourd’hui, on a pu voir ce qu’il fallait améliorer et gommer les problèmes de fiabilité. Et aujourd’hui, on a réussi. Mais il y a toujours le stress de la sélection au Vendée Globe (il faut que je prenne le départ et que je fasse 400 milles). Normalement ça devrait aller !
New York Vendée :
Tu as longtemps fait partie de ceux qui étaient en lice pour gagner le dernier Vendée Globe (il a terminé 3e). Tu viseras aussi la victoire lors de la prochaine édition ?
Louis Burton
J’y vais pour ça ! Avec les difficultés qu’on a eu ces dernières années, on est un peu sorti des radars mais ça me va bien. Nous sommes préparés et on travaille pour faire mieux que la dernière fois. Je crois que j’ai un bateau plus rapide par rapport au reste de la flotte. Ensuite, il faudra trouver le bon curseur pour ne pas se faire décrocher, prendre les bons wagons et en même temps être capable de lever le pied pour que ça dure le plus longtemps possible !