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Quand les rois de la vitesse apprivoisent la lenteur

Les skippers ont encore en tête ce départ si particulier, au large, sans bateau suiveur ni décompte à la VHF. Ils se sont élancés à 20h (heure de Paris, 14h heure de New-York) dans des conditions très légères, ce qui permet aux bateaux à dérives droites d’être à la fête en tête de course. Une guerre des positions à faible vitesse donc qui devrait s’étirer au moins jusqu’en début d’après-midi.

À bord de DMG Mori, photo du départ prise par Kojiro Shiraishi.
À bord de DMG Mori, photo du départ prise par Kojiro Shiraishi.
© Kojiro Shiraishi.

Pour la première fois, une transatlantique en IMOCA s’est élancée au large, ce qui a eu le don de brouiller tous les repères classiques des skippers. « On n’avait pas les marqueurs habituels : l’équipe qui saute du bateau, le comité de course à proximité, les bateaux suiveurs, le décompte à la VHF », raconte Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance). Il a donc fallu « se mettre dans le mode course » dit-il non sans y voir quelques avantages : « je crois que ce sas de décompression entre la vie terrienne et le large était bénéfique ». 

Une transition vers la compétition tout en douceur 

« Ça a permis de passer en douceur de la vie new yorkaise à la navigation en solitaire, abonde Jongkun Xu (Singchain Team Haikou). On a pu avoir le temps de se mettre tranquillement en mode course, d’autant plus qu’on a eu une très belle journée ensoleillée ». Même son de cloche chez Clarisse Cremer (L’Occitane en Provence) : « c’était un départ étonnant mais comme les conditions étaient un peu molles, ça n’a pas été trop stressant ». 

Pour tous les marins, l’enthousiasme est au rendez-vous. « J’ai très envie d’aller de l’autre côté, raconte Clarisse qui se dit « un peu fatigué », elle qui avait bouclé The Transat en 20 jours après un souci technique. De son côté, Jinkgun Xu (Singchain Team Haikou), reconnaît que « même si les derniers jours à New York ont été merveilleux, la mer (lui) a manqué ». Charlie Dalin ne boude pas son plaisir non plus et tient à remercier son équipe pour le travail effectué sur le bateau.

Les bateaux à dérives droites à la fête 

Désormais donc, tous s’activent dans ces premières heures de course malgré un vent toujours aussi faible, autour de 6 à 8 nœuds. « Ce n’était pas vraiment un départ stressant », confie Clarisse qui doit composer avec de petits soucis de voile. Alors que les skippers se dirigent vers le waypoint ‘Share the ocean’ situé à près de 170 milles du départ, les conditions très légères sont également propices aux bateaux à dérives droites. 

Parmi eux, Violette Dorange (Devenir) qui se félicite d’avoir « pris un super départ » en « se positionnant au vent de la flotte pour avoir un peu d’air ». Elle s’amuse « d’être dans le paquet de tête » : « c’est chouette d’être devant les foilers ! » Jingkun Xu s’est réjoui des premiers classements, lui qui pointait en tête à minuit (heure française). « J’ai demandé à ma manager de faire une capture d’écran, de l’imprimer et de le mettre au-dessus de son gâteau d’anniversaire », s’amuse le skipper de Singchain Team Haikou. Il a donc fait partie des leaders depuis le début de la course au même titre qu’Éric Bellion (Stand As One), Oliver Heer (Oliver Heer Racing) avant d’être dépassé par Sébastien Simon (Groupe Dubreuil). 

« Il y a du jeu et de la tactique » 

Quoi qu’il en soit, ce « petit temps » devrait durer. « On en a pour 36 heures, poursuit Charlie Dalin. L’objectif, c’est d’aller chercher le waypoint tout en jouant avec le courant chaud du Gulf Stream. Ensuite, une fois que le vent va rentrer, on devrait avoir un flux de Sud, Sud-Ouest même si ce n’est pas encore calé dans les fichiers ». Le directeur de course Hubert Lemonnier, précise que « le vent est très léger et parfois refusant, ce qui oblige les skippers à changer de voile ». 

Les marins devraient atteindre le waypoint en début d’après-midi (heure française). « D’ici là, il ne devrait pas y avoir de gros changements au classement », assure Hubert. « Le vent est faible mais il est changeant », ajoute Violette qui espère continuer à tirer son épingle du jeu. « Il y a déjà du jeu et de la tactique », sourit le directeur de course. Tous s’affairent en tout cas à prendre leur mal en patience et à tenter des coups quand des variations de vent permettent de faire (un peu) mieux que les camarades de jeu. Même à petite vitesse, la course a bel et bien commencé. 

 


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