« La routine s’installe. Je suis sur le même bord depuis pas mal de temps maintenant, avec occasionnellement quelques prises ou renvois de ris, des passages entre J2 et J3 et quelques réglages de voiles en fonction de l’angle et de la force du vent. Certes, je suis au près mais la mer est plutôt correcte. Ce sont des conditions dans lesquelles mon bateau marche bien donc ça va plutôt bien », a commenté Charlie Dalin. S’il n’est pas du genre à s’emballer ni à parader, le skipper de MACIF Santé Prévoyance peut néanmoins se satisfaire d’avoir fait un sacré break sur le peloton. On l’a dit, avant-hier, il a été le seul, avec Boris Herrmann, à réussir à passer de l’autre côté de front. Un front dans lequel le reste de la flotte a littéralement butté. « Ça ne s’est vraiment pas joué à grand-chose du tout. Il y a eu deux occasions où j’ai vraiment commencé à sentir le souffle du vent faible et de la rotation juste derrière le bateau. Je n’étais pas loin de me faire rattraper moi aussi. En tirant un peu la barre et en réaccélérant un peu, j’ai réussi à m’en extraire. C’est sûr qu’aujourd’hui, ça fait un beau gap. C’est assez incroyable comme situation. Ça n’arrive pas souvent dans une carrière ces moments-là ! », a détaillé le Havrais, conscient d’avoir ainsi un peu plié le match.
Une situation un peu bloquée
En effet, alors qu’il cavale au près à plus de 15 nœuds de moyenne, propulsé par un flux d’est relativement stable, sa seule question est de savoir à quel moment il va virer pour faire route vers l’Europe. Pour les autres, les interrogations demeurent multiples, y compris pour son adversaire direct qui a nettement ralenti la cadence depuis quelques heures. Engagé sur une route (très) nord pour faire le tour de l’anticyclone, Boris Herrmann n’a pourtant pas d’autre choix que d’être constamment rapide pour compenser la route qu’il va effectuer en plus. Arrivera-t-il à couper le fromage à un moment et/ou à éviter de se faire piéger dans la molle de la zone fermée de pressions atmosphériques élevées qui pourrait lui compliquer la route à un moment selon certains modèles ? Pour l’heure, le suspense reste entier. Même chose pour le gros de la flotte qui évolue actuellement plus au sud et doit composer avec un petit chapelet de dépressions perturbé. « Ça bloque toujours devant. La seule route qui a l’air de passer, c’est celle par le sud des Açores. C’est une option que j’avais plutôt écartée avant le départ parce qu’elle semblait tirée par les cheveux mais c’est finalement celle-là qui va s’ouvrir je pense. En fait, on ne décide pas trop. On suit le vent et on va là où il nous emmène », a relaté Jérémie Beyou (Charal). Même son de cloche du côté de Sam Goodchild (VULNERABLE). « La météo nous a un peu contraint à aller dans cette option sud. Je l’avais dans un coin de la tête mais je ne voulais pas trop m’y engager. Pour être complètement honnête, ça s’est fait un peu tout seul ».
Les incertitudes demeurent
Dans l’immédiat, même si le vent n’est pas dans la direction attendue et que les fichiers restent à côté de la plaque, le point positif c’est que ça glisse tranquillement au portant et que cela permet aux uns et aux autres de se reposer a minima avant de se pencher sur la suite. « Quand on regarde les prévisions, ça ne remonte pas trop le moral mais il va falloir faire avec », a détaillé Sam qui, pour l’heure, bataille à couteaux tirés avec Jérémie Beyou, mais aussi avec Thomas Ruyant (VULNERABLE) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil). Ce qui lui pose question, en réalité, c’est surtout ce qui va se passer une fois l’archipel Portugais débordé. Le passage s’annonce en effet un peu sensible entre la zone de protection de la diversité et le centre d’une dépression qui pourrait générer beaucoup de vent et de mer. Même topo lors du franchissement du cap Finisterre qui s’annonce un peu copieux. « Ce sont les deux points un peu « tricky » à surveiller. A part ça, ça devrait avancer tout le temps, au près, mais avec un peu de chance, ça va encore changer ! », a terminé Sam Goodchild.