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Un défi solitaire de taille pour le Canadien Scott Shawyer

Scott Shawyer, homme d'affaires et aventurier devenu coureur au large, veut devenir le premier Canadien à terminer le Vendée Globe à bord de son bateau Be Water Positive, conçu par Owen Clarke et mis à l'eau en 2011. Et si la New York Vendée est une étape importante de son programme - sa première course en solitaire -, l'homme de 52 ans se prépare en réalité pour le Vendée Globe 2028-29.

Be Water Positive
Be Water Positive
© Georgia Schofield

Depuis sa base d'entraînement de Cascais, au Portugal, Shawyer explique : « Cette course représente beaucoup pour moi, car ce sera ma première course en solitaire, ma première transatlantique en solitaire, ma première course en solitaire sur le circuit IMOCA Globe Series, et donc toute une série de premières ! Mais l’avantage, c’est que je n’ai pas de pression en termes de résultats ou d'exigence de qualification. Je vais donc pouvoir y aller à mon rythme. C'est une grande étape dans mon programme. »

Homme d'affaires ambitieux à succès, Shawyer a vendu son entreprise d'ingénierie et dirige aujourd'hui une société de capital risque. Grand skieur alpin – son parcours l’a mené à skier au pôle Nord il y a 12 ans - Shawyer pratique aussi le triathlon. Navigateur depuis toujours, il a grandi sur le lac Huron. En tombant sur le live départ du Vendée Globe 2020-21, il a eu une véritable révélation.

« Je cherchais un partenaire financier pour mon entreprise et j'étais au téléphone 12 heures par jour avec des groupes de capital-investissement new-yorkais. Nous étions bloqués par le COVID et n'étais pas sorti de chez moi depuis plus de trois semaines. J'ai regardé le Live départ du Vendée Globe 2020 et j'ai vu ces skippers descendre le chenal des Sables d’Olonne et partir autour du monde. Je me suis dit que c'était vraiment cool ! Je me suis questionné : ‘Qu'est-ce que je fais de ma vie, scotché à mon bureau 12 à 16 heures par jour ?’ Je suis devenu accro à la course et j'ai regardé toutes les émissions du Vendée Live. Et je me suis dit qu'il devait y avoir autre chose dans la vie que ça....et c'est ce qui m'a poussé à changer les choses. »

En collaboration avec Alex Thomson Racing, Shawyer a créé Canada Ocean Racing et, en 2022, a décidé d'acheter un IMOCA à dérive de 2011, un plan Owen Clarke, entièrement refait sous le nom d'Offshore Team Germany. Jusqu'à l'hiver 2023-24, il s'est entraîné et a parcouru environ 30 000 milles. En janvier dernier, il a participé à la RORC Transatlantic Race de Lanzarote à Grenade avec Alan Roberts comme co-skipper, avant de prendre le départ de la Rolex Fastnet Race en double l'été dernier - qu'ils ont dû abandonner. Il a participé à la Bermudes 1000 avec Ryan Barkey, le boat captain du bateau.

Scott Shawyer
Scott Shawyer
© James Tomlinson

« J’adore le solo : tu es vraiment aux commandes »

« La New York Vendée – Les Sables d’Olonne sera une bonne première en solo, c'est certain. Pendant une bonne partie de l'année dernière, j'ai réalisé des navigations en solitaire entre les Açores et le Royaume-Uni. Cet hiver, je me suis déjà rendu trois fois à Cascais pour m'entraîner en solo. J'ai été mis à l'épreuve, mais j’ai vraiment bien progressé, je me sens désormais en confiance.  Et en réalité, la navigation en double est une navigation en solitaire la plupart du temps, même si c'est différent d'être seul sur le bateau, et que bien sûr, il faut un peu de temps pour s'y habituer. Mais j'adore être seul : tu es vraiment aux commandes. »

Il témoigne d’un goût très prononcé pour le solitaire, hérité de son enfance : « Quand j’étais jeune, je naviguais en solitaire en Laser. J’ai grandi sur le lac Huron (ndlr l'un des cinq Grands Lacs de l'Amérique du Nord, d’une superficie de près de 60 000 km2), je faisais de la voile dans la baie Georgienne. À l'âge de 12 ans, mes parents m'ont donné une liberté incroyable : je suis parti explorer les îles en Laser en emportant mon déjeuner. J’y pense encore aujourd’hui en solitaire sur mon bateau ! Tu prends les choses en main, tu savoures l’aventure. Ça procure un réel sentiment de liberté et d'accomplissement. »

Le Canada a une histoire sur le Vendée Globe, mais aucun coureur n'a jamais terminé cette course légendaire autour du monde. Le plus grand coureur au large de l'époque, Gerry Roufs, était en lice pour la course de 1996-1997 et occupait la deuxième place lorsqu'il a malheureusement perdu la vie en mer dans le Pacifique Sud. Et Derek Hatfield a dû abandonner en Tasmanie lors de la course 2008-9 après avoir cassé les deux barres de flèche principales de son mât.

L'année dernière, son épreuve phare aurait dû être la Transat Jacques Vabre, dont il a pris le départ avec le très expérimenté Nick Moloney. Mais ils ont dû abandonner dès les premiers jours, car Shawyer était souffrant (épuisement, mal de mer et réactions indésirables à différents médicaments). Avec son équipe, ils ont passé l'hiver à analyser ce qui s'était passé et le skipper indique être satisfait des solutions trouvées.

Bien qu'il lui reste plus de quatre ans avant de prendre le départ du Vendée Globe, il a bien l'intention de se montrer compétitif lors de cette New York Vendée. « Je veux terminer, prouver sur le plan d'eau ce que nous avons prouvé à l'entraînement - y compris en surmontant le mal de mer - et je veux rester « dans le paquet ». Je suis un compétiteur, je ne veux pas qu'il y ait des gens sur le quai des Sables d'Olonne qui attendent que Scott finisse la course ! »


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